Conjoncture Le prix du lait et la collecte marquent le pas
Au début de 2023, le prix du lait reste élevé, mais les incertitudes économiques et météorologiques freinent la collecte.
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Après un repli de 0,8 % sur un an en 2022, la collecte française de lait de vache ne semble pas décidée à repartir en 2023. Les données de FranceAgriMer font état d’une baisse annuelle cumulée de 1,2 % en janvier et février. Une tendance qui devrait se confirmer, voire s’amplifier, en mars. Le pic de collecte printanier s’annonce quelque peu timide cette année.
« La baisse du cheptel laitier s’est accentuée l’été dernier et se maintient àun rythme soutenu », indique Jean-Marc Chaumet, économiste au sein de l’interprofession laitière (Cniel). Combiné à la décapitalisation, le manque de génisses de renouvellement n’arrange rien. En février 2023, l’effectif de vaches laitières a reculé de 2,6 % sur un an.
« Ce taux frôle les 3 % en Bretagne. Les grands bassins de production ne sont pas épargnés », s’inquiète l’expert. Les aléas climatiques récents et à venir n’encouragent pas les éleveurs à puiser dans leurs stocks fourragers. La ruée vers les concentrés n’est pas non plus à l’ordre du jour. Le contexte n’est donc pas propice à la pleine expression du potentiel laitier des vaches.
Dépréciation de la valorisation beurre poudre
Le prix du lait pourtant historiquement élevé, n’est pas suffisamment engageant pour relancer la production. Toutes filières confondues, le prix standard en qualité 38/32 s’est stabilisé à 482 €/1 000 litres sur les deux premiers mois de l’année 2023 (+22,3 % par rapport à 2022), après une croissance sensible et ininterrompue en 2021 et 2022. En lait conventionnel, le prix standard s’est figé à hauteur de 469 €/1 000 litres.
« Le prix du lait en France aurait baissé d’environ 10 €/1 000 litres en mars et davantage en avril », avance l’Institut de l’élevage. Une prévision davantage liée « au contexte de marché » qu’à la saisonnalité habituelle, estime Jean-Marc Chaumet. Les disponibilités laitières mondiales progressent globalement sur un an quand l’appétit chinois suit la tendance inverse. La valorisation beurre poudre redescend (lire l’encadré).
En parallèle, la hausse des charges ralentit en élevage. L’Ipampa (1) pour le lait de vache est globalement stable depuis le dernier trimestre de 2022. « Le poste des engrais et amendements est redescendu, l’énergie vacille et l’aliment acheté progresse lentement mais sûrement », résume l’économiste. La composante géopolitique brouille les prévisions. Dans ce contexte, la stabilisation est également de mise pour la marge Ipampa sur coût total indicé (Milc) des producteurs en ce début d’année.
(1) indice des prix d’achat des moyens de production agricole.
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